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JEWLY  
                   

J’ai le grand plaisir d’interviewer aujourd’hui Jewly, rockeuse Alsacienne ô combien charismatique et talentueuse !

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Bonjour Jewly ! Tout d’abord, je te remercie de prendre un peu de ton temps pour répondre à ces quelques questions. Les adjectifs te décrivant sont nombreux : tendre, féroce, rebelle, inspirante, bouleversante, fédératrice et j’en passe… Qu’est ce qui t’a donné envie de faire de la musique, et plus particulièrement du rock ?

Merci à toi ! A vous !! Alors c’est une grande question et désolée d’avance, une longue réponse ;). J’ai été bercée dans la musique très tôt mais pas du tout dans le type de musique que je fais aujourd’hui. J’ai appris l’alto très jeune (transmission de mon grand-père) puis le violon. Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai switché sur la guitare, car aimant déjà chanter, c’était plus simple de s’accompagner avec une guitare qu’avec un violon ! Le rock n’était pas encore là. Je chantais du jazz plutôt et des standards de chansons françaises... J’ai aussi écrit mes premières chansons mais pas vraiment rock à cette époque. Et puis il y a eu un jour cette écoute chez un disquaire de la version « Summertime » de Janis Joplin… Là j’ai réalisé que chanter c’est ça, être viscéral, donner son émotion, partager, peu importe le style finalement. « Rock » c’est peut-être plus un état d’esprit et mes premières vraies expériences sur scène m’ont automatiquement reliée à cela.

Tu as commencé ta carrière en 2006 après avoir été « repérée » lors d’une manifestation. Tu as généreusement offert ton premier single « Terre permise » à l’Unicef. Je crois savoir que tu t’investis beaucoup dans certaines causes qui te tiennent à cœur ?

Pour moi cela fait partie du rôle d’un artiste. Un artiste dit des choses, c’est une chance énorme, un privilège. On est porte-parole et je crois aussi qu’on a une certaine responsabilité ! Faire réfléchir, faire réagir, néanmoins je ne veux rien imposer. C’est plus facile de faire entendre des messages avec la culture et particulièrement la musique car c’est un art que l’on peut ressentir immédiatement. Les émotions se déclenchent vite et c’est assez magique. J’ai toujours abordé des thèmes forts, parfois tabous et souvent dans la revendication. Personnellement, sortir mes tripes pour dire « aidez ces gamins », « dépistez-vous » ou autre message, c’est fondamental. « Aidez ces gamins » pour l’action avec l’UNICEF. Je suis également allée chanter dans des orphelinats roumains, c’est aussi ça, véhiculer un message mais aussi partager des émotions. Le « dépistez-vous » est pour mon combat contre l’hépatite C, à travers la campagne nationale savoirCguérir dont je suis la marraine. Une maladie qu’on pourrait éradiquer ; le seul problème aujourd’hui est de savoir si on est atteint ou pas car il existe un traitement efficace à quasi 100% !! Donc il suffit de se dépister… D’après moi la musique est un excellent biais pour enlever les tabous sur cette maladie et faire prendre conscience que chacun peut être concerné et doit se dépister.

« Drugstore », ton 3ème album, vient de sortir ; un concept-album qui parle de 10 belles rencontres, de 10 personnages qui ont marqué ta vie. Quelle est l’histoire de « Drugstore », pourquoi est-il si important pour toi ?

« Drugstore » est très intime oui ! C’est l’histoire de ces personnes qui m’ont bouleversée que j’ai essayé de retranscrire avec mon émotion et mon vécu. Chacune d’elle m’a marquée à vie… Ce qui est dingue c’est que quand j’écrivais « Drugstore », je ne m’en étais pas aperçue. J’écrivais des chansons… Quand j’ai rassemblé toutes les chansons que je pensais mettre sur le prochain album, il a fallu leur donner un titre et là j’ai réalisé… Tout naturellement j’ai décidé de les nommer par le prénom des protagonistes. Et le nom de « Drugstore » était évident ! Pharmacienne dans une « autre » vie, « Drugstore » : la pharmacie de mon âme.

Tu y défends des valeurs qui te sont propres, qui sont depuis toujours importantes à tes yeux. L’histoire de Megan et Jim, par exemple, est magnifique d’émotions !

Je suis obligée d’être entière. Le métier d’artiste s’est, en quelque sorte, imposé à moi. Jamais je n’aurais imaginé vivre de la musique. Et en vivre oui, mais pas à n’importe quel prix ! J’ai choisi une voie peut-être plus complexe, mais authentique. Je fais ce métier pour la scène, le partage avec le public c’est le plus important ! Je dois être en accord avec moi-même et chanter des textes qui me bouleversent, qui me correspondent. Etre vraie, simplement. Les textes sont donc fondamentaux ! Cela est d’ailleurs aussi valable pour la musique. Et quand tu enchaînes les concerts, je pense qu’il faut toujours tout donner, garder cette émotion et cela passe pour moi par une musique et des textes qui collent à la peau de l’artiste. L’histoire de « Jim And Megan » est en effet troublante et ce qui est fort dans celle-ci c’est que c’est vraiment une rencontre que j’ai faite sur scène en étant sincère justement. A mon sens, il n’y a pas de hasard, si j’ai fait monter cette petite fille sur scène, cela devait se faire !

Ta musique, tes textes, tes envies, ont-ils évolué depuis tes débuts ?

Oui forcément. Musicalement énormément. C’est « facile » de reprendre les chansons des autres mais ça l’est moins de trouver son univers. Je viens du classique aussi, mais je crois que c’est une bonne chose car au final je ne rentre dans aucune case ;). Personnellement on évolue aussi, avec son histoire, ses rencontres… on avance plus ou moins dans son émancipation. Cela se ressent forcément dans l’écriture. On est sur des combats à certains instants et puis d’autres choses nous inondent ou nous animent.

Ces 10 rencontres sont par ailleurs illustrées par 10 clips. L’imagerie est-elle primordiale pour toi ? Cela te permet sans doute d’en dire encore plus qu’au travers de tes mots ?

Oui absolument ! En fait je voulais laisser 2 sens de lecture aux gens. Une chanson, une fois commercialisée, ne nous appartient plus et c’est une bonne chose. Chacun peut l’interpréter avec son propre vécu ou même son état d’esprit du jour, du moment... J’écris volontairement avec ce second degré aussi. Donc tu écoutes la chanson et tu te laisses embarquer vers où tu veux aller. Mais il y a bien sûr également l’importance pour moi de ces « personnages » du Drugstore. Si tu veux t’immerger dans ce que l’auteur a voulu dire, il y a le clip. Je voulais aussi que les gens soient touchés par ces personnes, par leur histoire et surtout ne passent pas à côté s’ils veulent creuser mes mots.

Concernant tes musiciens, tu sais t’entourer de grands noms ! Comment se passe le travail d’écriture et de composition ?

Pour l’instant, car cela peut évoluer, j’écris et je compose, pour ce côté viscéral et authentique justement. Après il y a le travail d’arrangement des morceaux et là, les personnes sont fondamentales ! Je sais ce que je veux mais il faut des gens qui me comprennent et le sublime. J’ai eu cette chance de rencontrer de tels musiciens. Des artistes incroyables et au service de mon projet en toute bienveillance. Oui ce sont des grands noms ayant bossé avec les plus grands mais au studio, ils ne mettent pas cette échelle, on est juste là, tous ensemble, pour faire de la musique. Au moment de travailler sur un nouvel album, j’envoie quelques-unes de mes compos (brutes) à plusieurs arrangeurs, et chacun m’envoie une proposition de morceau arrangé. Après c’est mon cœur qui choisit en fonction de l’émotion du titre arrangé et de ce qui est le plus proche musicalement de ce que je recherche. Le feeling est primordial aussi, je fonctionne beaucoup comme cela.

La scène est importante pour toi. Tu as fait la première partie de pointures telles que Scorpions, Yannick Noah, Axelle Red, Florent Pagny… pour ne citer qu’eux, et ce à travers le monde (Europe, États-Unis, Canada…). Là aussi, j’imagine de très belles rencontres avec certains de ces artistes ?

Oui le live c’est LE plus important !! Evidemment ces premières parties ont été des moments incroyables, on a en plus toujours été bien reçus, autant par le groupe/chanteur et son staff que par le public !! Du bœuf avec Noah pendant 1h à l’essai de mes chaussures à talons par tous les membres d’un groupe connu (bons fous rires mais chut, je n’en dirai pas plus ;)), plein d’histoires et de souvenirs. Scéniquement c’est kiffant, mais j’aime aussi les scènes plus « intimes » ;)… en fait toutes les scènes !!

Y a-t-il un musicien que tu admires plus que tout, avec qui tu aimerais partager la scène, voire même faire un duo ?

Nick Cave !

Tu as créé ta propre société de production. Pourquoi ? Garder ton identité, ne pas « rentrer dans un moule », quitte à être moins médiatisée ?

Au départ, un peu par la force des choses. Quand tu bosses avec des musiciens internationaux sur un album, tu ne « bricoles » pas. Alors j’ai décidé de tout mettre en place pour être le plus pro possible. Et puis aujourd’hui de plus en plus d’artistes doivent se développer seuls, si tu trouves un producteur après, tant mieux, ou pas… car en effet, je souhaite avant tout être sûre de pouvoir faire la musique qui me parle sans avoir de pression ou des choses imposées. Il faut tomber sur les bonnes personnes ; la musique reste un business, je ne suis pas naïve alors autant maîtriser et avoir le choix de refuser.

Pour finir, le milieu artistique dans lequel tu évolues te laisse-t-il ta place de femme ? J’imagine que tu as sans doute dû te battre contre des idées/clichés qui ont la dent dure pour t’imposer dans ce milieu qui se veut parfois sexiste ?

Alors à vrai dire, je n’ai pas vraiment été confrontée à ce problème. Il faut se battre pour aller où on veut et je fonce, même si les portes sont parfois blindées. Je ne crois pas que mon côté femme pose problème, mon côté un peu trop franc parfois est plus compliqué ;), mais j’assume. Il y a bien sûr eu parfois des obstacles avec des clichés, mais les gens ne sont pas dupes au fond. Je ne fais pas de la musique pour être connue ni pour briller, je fais de la musique parce que c’est viscéral. Je pense que ça, les gens le sentent au-delà de tout préjugé.

Jewly, je te remercie encore pour cette interview et te souhaite le meilleur pour ton nouvel album ! Je te laisse le mot de la fin.

2 points peut-être non originaux mais tellement importants : merci ! Les artistes ont besoin du public, ça c’est certain, mais aussi des médias et passionnés comme vous qui aident la musique moins « commerciale » et médiatisée à être entendue. Le live c’est le partage ! N’hésitez pas à venir aux concerts, à échanger avec les artistes, on en a besoin et je suis persuadée que le monde aura toujours besoin de la musique, de l’art en général.

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